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Épidermolyse bulleuse : Une greffe de peau génétiquement modifiée

L'épidermolyse bulleuse dystrophique récessive est une maladie rare et très grave.

Elle se manifeste par un décollement de la partie superficielle de la peau et des muqueuses, avec formations de bulles parfois très étendues. La maladie se manifeste dès la naissance et peut toucher l’ensemble du corps et les muqueuses orales et gastro-intestinales. La cicatrisation s’accompagne souvent de rétractions de la peau à l’origine de déformations parfois très invalidantes, comme la fusion d’orteils ou de doigts ou des raideurs articulaires.

La maladie est héréditaire et due à des anomalies du gène COL7A1 qui code le collagène VII. Le collagène, composant principal des fibrilles d’ancrage de la peau, est alors anormal, voire absent et ne peut plus jouer son rôle. Il n’existe pas actuellement de traitement curatif pour l’épidermolyse bulleuse dystrophique et l’on ne peut offrir aux malades que des soins de support. Plusieurs axes de recherche ont été proposés et des travaux sont en cours. L’un des axes est la thérapie génique et l’un de ces études a fait récemment l’objet d’une publication.

L’étude a été menée au États-Unis et concerne 4 malades atteints d’épidermolyse bulleuse grave. Agés en moyenne de 23 ans, ces malades avaient entre 4 et 30 pour cent de leur surface corporelle affectée. Des cellules de la peau de ces malades ont été prélevées et un gène COL7A1 intact a été introduit dans ces cellules, transporté par un virus. Elles ont ensuite été mises en culture et assemblées pour constituer un tissu destiné à être greffé sur les zones de peau lésée. Chaque malade a reçu 6 greffes, soit 24 greffes réalisées au total.

Les résultats sont très encourageants, puisque les greffes ont toutes été bien tolérées, sans effets secondaires graves. Les différentes biopsies réalisées à 3 mois, 6 mois et 1 an après la greffe montrent la présence de collagène 7 dans les fibres d’ancrage de la peau et les lésions ont bien cicatrisé puisque, sur les 24 sites, 21 sont intacts 3 mois après l’intervention. Le résultat est toutefois variable selon les malades et selon l’endroit du corps où se situe la greffe, et d’autre part il semble qu’il se dégrade avec le temps, puisqu’un an après la greffe, il ne reste plus que la moitié des lésions complètement cicatrisées.

D’autres études seront entreprises, incluant un nombre plus important de malades. Elles permettront de mieux comprendre les facteurs influant sur la réussite ou l’échec de la greffe.

Source :
Siprashvili Z. et collègues – JAMA. 2016;316:1808-1817.
http://jamanetwork.com/searchresults?author=Zurab+Siprashvili&q=Zurab+Siprashvili