A Orléans, l’étude ROXANE portant sur le rôle de l’ADN extranucléaire dans les MICI pédiatriques connait de premières avancées
Soutenu par Groupama Paris Val de Loire et la Fondation Groupama depuis 2023, ce projet, mené par le Dr. Georges Dimitrov au sein du pôle Chirurgie Pédiatrique du Centre Hospitalier Régional d'Orléans, avance de manière prometteuse.
Il a été démontré que l’ADN extranucléaire est impliqué dans plusieurs pathologies humaines (lupus, polyarthrite, etc…). Il pourrait également jouer un rôle dans l’inflammation observée dans les Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales (MICI) pédiatriques. Avec la participation de jeunes patients atteints de MICI, le Dr Dimitrov souhaite évaluer la place de la voie cGas-STING (composant du système immunitaire) au cours du processus inflammatoire.
Constitution d’une cohorte de jeunes patients et premières analyses
Pour y parvenir, une cohorte de jeunes patients âgés de 6 à 17 ans a été constituée. Celle-ci comprend trois groupes : 15 jeunes avec une MICI active, 15 jeunes avec une MICI en rémission et 10 témoins. De mai 2023 à février 2024, une banque d’échantillons biologiques (sérum, selles, biopsies intestinales) a été réalisée auprès des participants afin notamment de doser l’ADN circulant total et mitochondrial.
Cette première étape, indispensable à l’étude Roxane, représente une avancée très prometteuse compte-tenu de la difficulté que rencontrent les chercheurs à constituer ce type de cohorte. En effet, en raison de la rareté de la maladie, le nombre d’enfants suivis au Centre Hospitalier d’Orléans est peu élevé (environ 10 à 15 nouveaux cas par an en moyenne). De plus, leur inclusion suppose d’obtenir l’accord de l’enfant lui-même ainsi que celui de ses deux parents, ce qui limite les chances de recrutement des jeunes malades.
Suites du projet : l’espoir de trouver des cibles thérapeutiques
Le Dr Dimitrov et son équipe vont maintenant approfondir les recherches chez les participants pédiatriques atteints de MICI et ceux en bonne santé. Des études secondaires sur des modèles murins sont envisagées afin de tester des inhibiteurs de la voie cGAS – STING dans l’objectif d’atténuer l’inflammation colique.
Si le rôle de l’ADN extranucléaire est confirmé, ce programme de recherche ouvrira de nouvelles stratégies de diagnostic et de thérapie pour le traitement des MICI pédiatriques et pourrait par la suite être validé chez l’adulte.
Pour l’anecdote, l’objet de l’étude étant la substance inflammatoire nommée STING, abrégé de « stimulator of interferon genes », le projet s’appelle Roxane en référence au chanteur Sting !
Zoom sur les MICI pédiatriques
Les Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales (MICI) pédiatriques (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique) sont des maladies rares affectant 4.4 enfants sur 100 000. En plus des conséquences cliniques (diarrhées, abcès, perforation intestinale), les MICI ont des conséquences psychologiques, familiales et sociales importantes et augmentent significativement le risque de cancer à l’âge adulte.
Les MICI se caractérisent par une inflammation de la paroi du tube digestif, due à une dérégulation du système immunitaire intestinal. Malgré des progrès médicaux certains, l’origine des MICI reste inconnue et la maladie demeure incurable. Les traitements proposés permettent de réduire les symptômes mais pas de guérir la maladie.
Les MICI pédiatriques sont plus sévères que les MICI d’adultes du fait de leur plus grande sévérité. Par exemple, 90% des enfants souffrent d’une atteinte de l’ensemble du colon (pancolite) contre 37% des adulte. Le risque de chirurgie avant l’âge de 30 ans est quant à lui trois fois supérieur en cas de MICI à début pédiatrique.