Audrey Grain

« Mon métier de scientifique consiste à entretenir un dialogue constant entre la clinique et la recherche. »

A l'occasion de la Journée Internationale des femmes et des filles de science, rencontre avec Audrey Grain, pédiatre et chercheuse au CHU de Nantes.

Bonjour Audrey, vous avez 36 ans et vous êtes pédiatre et chercheuse au sein du service d’oncologie hématologie et immunologie pédiatrique du CHU de Nantes. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ai réalisé mes six années d’études de médecine à Angers. Après le concours de l’internat, j’ai réalisé ma formation d’interne de pédiatrie à Nantes et j’ai pu orienter ma formation en hématologie pédiatrique. J’ai ensuite pris un poste de chef de clinique de deux ans en oncologie et hématologie pédiatrique à Nantes. Durant ces deux années j’ai appris à prendre en charge, en autonomie, des patients atteints de pathologies malignes. Après mon clinicat, j’ai travaillé durant deux ans et demi en hématologie pédiatrique à l’hôpital Robert Debré (APHP). Je faisais partie de l’équipe médicale en charge des allogreffes de moelle osseuse.

En septembre 2020, j’ai choisi d’arrêter mon activité clinique pour me consacrer au travail de recherche pour ma thèse de sciences sur les leucémies pédiatriques. J’ai été nommée Maître de Conférence des Universités-Praticien Hospitalier (MCU-PH) en septembre 2023, ce qui me permet d’allier enseignement à la faculté de médecine, activité clinique et travail de recherche. J’ai donc repris récemment mon activité clinique sur 50% de mon temps.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisée dans la pédiatrie ?

Dès le début de mes études, je savais que je voulais être pédiatre. La pédiatrie est une spécialité très complète et très riche sur le plan relationnel. J’apprécie beaucoup l’interaction avec les enfants et les adolescents ainsi que la relation triangulaire avec les parents.

Une semaine dans la vie de Audrey Grain, ça ressemble à quoi ?

Mon activité se répartit entre l’activité clinique en hématologie pédiatrique et l’activité au laboratoire de recherche. Durant une semaine, je mène mes travaux de recherche, et la suivante, je me consacre à la clinique. Les semaines de soins sont ponctuées par la supervision des jeunes médecins, et dédiées à la prise en charge des patients atteints d’hémopathies malignes au sein du CHU de Nantes. Nous avons beaucoup de réunions pluridisciplinaires afin de coordonner la prise en charge globale de nos jeunes patients.

Durant les semaines de recherche, je me consacre aux expérimentations et à la rédaction de ma thèse.

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Pouvez-vous nous présenter le projet de recherche en cours sur les leucémies aigues lymphoblastiques, soutenu par Groupama Loire-Bretagne et la Fondation Groupama ?

Les leucémies de l’enfant concernent 500 nouveaux cas par an en France et 80% de ces nouveaux cas sont des leucémies lymphoblastiques (LAL). Le traitement des LAL repose essentiellement sur la chimiothérapie. Près de 90% des patients vont guérir mais 10% environ vont rechuter et ces rechutes sont associées à un très mauvais pronostic.

Des thérapies ciblées basées sur des anticorps ou des cellules T modifiées (CAR-T cells) ont été développées dans le contexte de ces LAL en rechute ou réfractaires. Dans le cadre de ma thèse de science, j’ai mené des travaux visant à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques, pour définir des stratégies de ciblage multiple afin de limiter l’échappement tumoral.

En tant que médecin, s’investir dans un doctorat de sciences n’est pas facile, notamment car cela suppose d’interrompre l’activité clinique durant plusieurs années, et cela nécessite de trouver un financement permettant de se consacrer entièrement aux travaux de recherche. Le soutien de Groupama Loire Bretagne et de la Fondation Groupama a été très précieux pour ce travail.

La science, c’est quoi pour vous ?

Pour moi, la science c’est ce qui permet de développer de nouvelles thérapies et de répondre à des questions soulevées lors de la prise en charge des patients. Dans mon quotidien, cela se traduit par un dialogue permanent entre la clinique et la recherche.

 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières parce que vous êtes une femme ?

La pédiatrie est une discipline très féminine donc je ne peux pas dire que j’ai rencontré des difficultés particulières parce que je suis une femme. En revanche, nos parcours professionnels, contrairement à ceux des hommes, sont ponctués de pauses. Par exemple, j’ai dû interrompre ma thèse durant six mois pour accueillir mon enfant et reprendre mes travaux en alliant vie professionnelle et vie personnelle. Certains choix professionnels, particulièrement valorisés dans nos métiers, comme les mobilités à l’étranger, ne sont pas toujours compatibles avec nos vies de mamans. Nous essayons de faire bouger ces lignes.

Avez-vous un message à transmettre aux jeunes femmes qui souhaitent devenir scientifiques ?

Mon message se résume en trois mots : courage, persévérance et confiance ! Beaucoup travailler, croire en ses rêves et ses capacités est indispensable pour réussir !

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